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         La famille Dupré, vivait dans des conditions modestes. Monsieur et madame Dupré avaient trois charmants enfants : Pierre, Jean et Marie. Ils vivaient avec la mère de madame Dupré depuis le décès de son mari. Monsieur Dupré travaillait dans une célèbre fabrique de chaussures. Même s'il n'était qu'un petit employé, il était heureux, entouré d'une famille qu'il réussissait à nourrir.
 
         Un beau jour, l'entreprise décida de créer une nouvelle paire de chaussures dont la création et les matériaux coutaient très chers et nécessitaient des machines plus modernes et une main d'œuvre moindre. Comme tous les ans, ces dernières années, l'entreprise licencia cinq employés avant même la première fameuse chaussure sortie des chaines de fabrication. Malheureusement, monsieur Dupré n'était pas indispensable et il fut parmi les cinq personnes licenciées. Il se posa alors plein de questions : « comment allait-il continuer à nourrir sa famille ? Comment vivre ? Mais surtout comment annoncer cela à ses proches ? »
 
         Désœuvré, désespéré, en rentrant chez lui, il passa devant un buraliste, entra dans la boutique puis dépensa toutes les économies de la famille pour acheter cent cinquante billets de loterie européenne. Le soir même, une fois rentré, il annonça son chômage à tout le monde mais cacha la dépense des économies. Le lendemain matin, les résultats furent publiés. Les enfants partis à l'école, madame Dupré au travail, sa belle-mère à son cours de Yoga quotidien, monsieur Dupré vérifia ses gains et il prit des heures et des heures à vérifier chaque ticket, les cent quarante-neuf premiers tickets étaient perdants, mais la vérification du cent cinquantième fut tout autre. Sur le coup, il avait les yeux écarquillés, il était ébahi par cette incroyable somme qu'il venait de gagner. Il se mit à danser, à chanter, à sauter, crier jusqu'à ce qu'un voisin vienne se plaindre.  Le soir, il avait préparé une grande fête pour annoncer la nouvelle à sa famille, il avait acheté du champagne, n'ayant pas assez d'argent, il paya à crédit mais cela n'avait pas d'important, il venait de gagner tellement plus, que cela était un détail.
 
         Tout le monde était pressé de recevoir cet énorme chèque de quinze millions d'euros et il ne restait plus qu'à attendre la cérémonie de remise du chèque, qui fut malheureusement décalée pour un petit problème technique. Les quelques jours le séparant du jour de la cérémonie, monsieur Dupré acheta plein de jeux pour les enfants, des habits pour lui et sa femme, il prit même un nouveau crédit pour s'offrir un voyage en famille, hors de prix, à Tahiti. Sa belle-mère avait maintenant un kit de yoga professionnelle, un coach personnel et se permettaient plein de sorties culturelles. Monsieur Dupré commença à organiser son déménagement dans une grande villa avec piscine.
 
         La veille de la remise, la famille partit faire les boutiques pour que tous soient beaux et propres, ils avaient tous beaucoup changé depuis le tirage de la loterie, ils ne se satisfaisaient plus de ce qu'ils avaient. Le jour « J » arriva, ils se firent tous beaux, élégants et allèrent à la cérémonie à bord de leur nouvelle voiture de sport payée à crédit. Ils ne trouvèrent pas de place à proximité et furent obligés de se garer à une centaine de mètres. Sur le trajet qui les séparait du bonheur, le père trébucha et heurta un homme.
 
         Arrivés à la cérémonie, la personne chargée de remettre le prix débarqua sur scène et appela la famille Dupré, laquelle ne se fit pas prier pour rejoindre l'estrade, en moins de deux, un dialogue s'engagea.
 
–                    Bonjour monsieur Dupré, vous êtes le grand gagnant de notre loterie et vous allez empocher quinze millions d'euros, pour cela il ne reste plus qu'une formalité, pouvez-vous me présenter votre ticket pour que nous puissions vous remettre votre chèque ? »
 
–                    Bien sûr, évidemment, le voilà » répondit monsieur Dupré en sortant de la poche intérieure de sa veste de smoking, le ticket de loterie qui s'y trouvait.
 
–                    Excusez-moi, mais ce n'est pas le ticket gagnant.... »         
     
 


Morale : Il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué